6 mars 2014

Le Régime de rentes du Québec, une politique de placement audacieuse?

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a publié le 26 février dernier ses résultats. En 2013, le fonds du Régime de rentes du Québec (RRQ) a généré un rendement de 15,5 %, soit 2,4 points de pourcentage de plus que le rendement moyen des fonds des déposants gérés par la CDPQ. Pourquoi la Régie des rentes du Québec a-t-elle enregistré un rendement supérieur? En quoi sa politique de placement est-elle différente de celle des autres déposants de la CDPQ?

Pour bien comprendre les raisons qui mènent à une telle politique de placement, il faut comprendre le mode de financement du Régime de rentes du Québec (RRQ) et les risques auxquels il est confronté. Le RRQ est financé selon une capitalisation partielle. Ainsi, les cotisations des travailleurs et des employeurs servent à payer les prestations et à constituer une réserve. L’évolution financière du RRQ est principalement liée à la croissance de ces cotisations, qui dépend du niveau des emplois et des salaires au Québec. L’effet du rendement des marchés financiers est donc moins important sur le RRQ que pour plusieurs autres déposants à la CDPQ, qui ont comme objectif de pleinement capitaliser leurs obligations futures.

La gestion de la réserve du RRQ est confiée à la CDPQ. Cette réserve servira notamment à limiter les hausses de cotisation. Grâce aux bons rendements de la dernière année, la réserve s’élève maintenant à 45,2 milliards de dollars au 31 décembre 2013 comparativement à près de 40 milliards de dollars un an plus tôt.

Le mode de financement par capitalisation partielle du RRQ amène donc une dynamique particulière dans la gestion des risques financiers, qui justifie la mise en place d’une politique de placement plus audacieuse que celles de l’ensemble des déposants de la CDPQ. Cette approche respecte les règles de l’art dans le domaine. À titre de comparaison, le Régime de pensions du Canada utilise une politique de placement ayant un niveau de risque comparable à celui du régime québécois. Il a le même mode de financement. Au cours des 10 dernières années, le rendement annuel moyen des deux régimes est le même, soit 6,9 %.

Par ailleurs, soulignons l’étroite collaboration entre les experts de la Régie et ceux de la CDPQ pour la définition et le suivi de la politique de placement. La Régie demeure vigilante par rapport à sa politique de placement en la révisant en profondeur tous les trois ans ou au besoin.

Le résultat de la CDPQ, pour sa part, est de 13,1 %. Il s’agit de la somme des résultats de l’ensemble des déposants qui ont, pour la plupart, des objectifs de placement différents. Si la CDPQ n’avait que le RRQ comme déposant, son résultat serait de 15,5 %. Dans ce contexte, une stratégie de placement visant un rendement optimal est tout à fait justifiée, voire responsable de la part de la Régie. Il s’agit d’un risque, mais d’un risque bien calculé.

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